L’histoire du karaté
Les origines de l’art
Les premières traces de techniques de coup de poing ou de pied remontent jusqu’à la Chine ancienne ou un moine boudhiste nommé Bodhidharma (également connu sous les noms de Daruma en japonais, ou Da Mo) venu de l’Inde au début du VI siècle, passa par le célèbre « monastère de la petite forêt
La porte du temple de Shaolin, situé dans la province chinoise du He Nan, au centre de la Chine. Ce temple est considéré comme le berceau des arts martiaux chinois, lesquels ont influencé le karaté d’Okinawa. C’est en 495 de notre ère que l’empereur Hsiao-Wen le fit construire. Ces arts martiaux chinois (Wushu ou Kuoshu) furent longtemps connus en Occident sous l’appellation kung-fu. Au Japon, ils prirent le nom de Kempo.
De la Chine à Okinawa
Grâce aux échanges commerciaux et culturels entre la Chine et l’île d’Okinawa située au sud du Japon, ces arts martiaux ont été importés, développés et perfectionnés pour devenir le karaté. Les plus grands experts (dont Gichin Funakoshi, Kanryo Higaonna, Chojun Miyagi, …) proviennent de l’île d’Okinawa, et c’est à ce titre que le karaté est considéré comme un art martial d’Okinawa. Gichin Funakoshi senseï est considéré aujourd’hui comme le père du karaté moderne. Il n’en est pas l’inventeur, mais plutôt le promoteur.
Il n’y a pas de trace écrite de la transmission de ces techniques à Okinawa, qui est considéré comme le berceau du karaté moderne tel qu’il est pratiqué aujourd’hui. On peut toutefois dire que le karaté est un mélange entre la méthode chinoise To-de (main chinoise) et les arts martiaux existant sur l’île où s’élabora la forme définitive de » l’art de la main vide » ou Karaté-do.
En 1409, le roi Sho Hashi unifie les 3 territoires de l’île d’Okinawa (Chuzan, Hokuzan, et Nanzan) qui étaient constamment en guerre. Par crainte de révoltes, il interdit la possession et l’usage des armes, qui sont alors stockées dans des entrepôts royaux. Le port d’armes étant interdit au peuple,
les arts de combat connurent ainsi un rapide développement, accéléré par l’installation du clan Satsuma et l’occupation de l’île par les samouraïs japonais en 1609. Les entraînements au combat se faisaient la nuit, dans des jardins fermés, et dans le plus grand secret, et la transmission des techniques s’établissait de manière orale. Petit à petit cependant, des experts plus doués émergèrent du lot des pratiquants, les styles se diversifièrent et des maîtres, chefs de file, codifièrent leur enseignement, laissant de moins en moins de place à l’improvisation.
Les techniques de combat à mains nues devinrent réputées et d’une efficacité meurtrière, même face à un guerrier armé. En adaptant les méthodes de combat chinoises, les habitants d’Okinawa ont développé ce qui est devenu l’Okinawa-Te (Te signifiant main).
Au cours du XIXe siècle, les écoles prendront le nom de la localité où demeurent les adeptes, laissant apparaître deux courants : shuri-te pour la ville de Shuri et naha-te pour la ville de Naha.
Un troisième courant (tomari-te) s’est également développé, combinant certaines techniques des
deux précédents.
La période contemporaine
Au tout début du XXe siècle, l’étude du Okinawa-te, au prix toutefois d’un certain nombre d’aménagements excluant toute blessure, apparait dans les programmes de culture physique de l’île, comme moyen d’éducation pour les jeunes. Itosu Anko (style Shorin, basé sur les déplacements longs, rapides et légers) et Kanryo Higaonna (style Shoreï, surtout efficace pour le combat à courte distance, et plus en force) en furent les pionniers. Le mot Okinawa-Te a été remplacé par le mot Karaté-Jutsu (唐手術, littéralement « technique de la main de Chine). En 1904, le gouvernement de Tokyo autorise la pratique du karaté dans les écoles, comme faisant partie de l’éducation physique et sportive.
Ce n’est que dans la période 1915-1925 qu’eut lieu l’ouverture de l’Okinawa-Te vers l’extérieur grâce à Gichin Funakoshi, professeur à l’école supérieure de pédagogie d’Okinawa. Il enthousiasma les japonais par la première démonstration de karaté.
En 1922, après une deuxième démonstration de karaté qu’il offrit au public japonais, il fut prié de rester au pays pour y enseigner sa méthode. Funakoshi coupa tout lien avec l’origine chinoise et okinawaïenne de son art. La technique qu’il enseigna fut nommée « shotokan » par ses disciples, du nom de la salle d’entraînement (kan) dans laquelle se déroulait le cours, et de Shoto, son nom d’emprunt sous lequel il écrivait ses poèmes. Il insistait beaucoup sur la valeur spirituelle des gestes qu’il enseignait. Pour preuve le rajout du suffixe « do », afin de placer son art au niveau de celui des arts martiaux japonais (Budo) et rappeler que son karaté permettait lui aussi une approche de l’ancien esprit des samouraïs.
En 1936, ce fut le début du karaté en tant que sport de combat. La nouvelle formule évitait les risques de blessure et permettait l’organisation de compétitions. Cette année vit également la tenue de la première compétition de « jiyu kumité » (combat libre). Avant cela, il n’existait que des tournois de katas. Eclate ensuite la deuxième guerre mondiale. L’île d’Okinawa est dévastée et un grand nombre d’experts, archives vivantes, disparaissent. Les japonais étudient alors plus que jamais ces techniques inventées par des paysans sur cette ancienne colonie. La relève est enfin assurée et la pratique du karaté ne fera que se propager au monde entier.